Gérard KunianLa Conférence de Bob FITCH
au Club Magique de Paris
Paris, le 6 septembre 2001


Reportage de Gérard Kunian


Tout le gratin de la magie ou presque avait pris place dans la somptueuse salle de conférence du centre d'accueil pour jeunes de la rue Cabanis, mis a part quelques égarés qui s'étaient naturellement perdus en face, dans les pavillons psy de l'hôpital st Anne.

On reconnaissait, outre ceux que j'ai hélas oubliés, les suppôts de l'Académie de Magie, l'élégant Henry MAYOL , Monsieur et Mademoiselle DUVIVIER accompagnés de sympathiques jeunes gens aux doigts agiles, VADINI, MIMOSA ( ne pas confondre avec la villa Mimoza, célère bordel de Rio) et pour n'en citer qu'un, le sympathique marchand Yves DOUMERGUES venu tout droit de Lyon sur sa patinette en titane anodisé.

Esquisse de Bob FitchA 20h30, le grand Fred, trésorier du Club Magique de Paris, qui organisait la conférence en collaboration avec Jean FARE, le grand Fred disai-je, poussa donc un soupir de soulagement, l'affluence couvrait les frais. Il donna un grand coup de coude à Yves CARBONNIER dont le rôt fit sursauter Jacques TANDEAU qui écrasa le pied de Pierre SWITON lequel se leva d'un bon de bête blessé et, pour ne pas avoir l'air bête, prononça les traditionnels éloges qui précèdent l'arrivée du conférencier. Lequel conférencier faisait semblant depuis un quart d'heure de ne pas être là, avec une pudeur toute américaine consistant à tourner le dos au public, tout en farfouillant dans les sacs de "Prisu" dont il avait vidé les "products of France" après le shopping de l'après-midi, pour les remplacer par les accessoires qu'il extrayait l'air de pas y toucher; et tout commença...

Pendant presque trois heures, à la fois digne et sautillant, Bob Fitch, personnage longiligne, tout de noir vêtu, au pantalon tire bouchonné, chaussé de grolles de jogging contrastant avec une veste adornée d'incroyables revers satinés, manipula pièces, cartes, citrons, boules et kiwi tout en ponctuant ses tours avec des zanecdotes et des considérations pertinentes sur la présentation, l'occupation de l'espace, l'importance du regard, de la gestuelle et de toutes ces choses qui relèvent plus de la technique théâtrale que des préoccupations du magicien lambda soucieux uniquement de petits secrets et qui réduit souvent son espace scénique à la surface de sa table en oubliant qu'il doit occuper l'espace trop négligé et important de toute la salle.
Relisez cette dernière phrase et méditez, votre magie en sera changée !

Mais quid des tours ? Qu'est ce qu'il a fait ? Eh ben, des effets classiques avec sa touche perso!
Mais quoi, mais quoi ? Des apparitions et des disparitions de pièces ... Les mains sont vides, hop une pièce sort du néant pour y repartir aussitôt, une pièce marquée par un spectateur à qui on confie un portefeuille, la pièce disparaît et se retrouve dans une enveloppe nichée sournoisement dans le portefeuille.

Bob FITCH & NOURDINE

Bob Fitch a une obsession: placer ses pièces en un seul mouvement du "Goshman pinch" à l'italienne ou au tenkaï ou à n'importe quelle position d'empalmage. Le bougre démontre que c'est pratiquement faisable et se promet d'éditer un CD de " gammes " pour les doigts . Pas étonnant si 4 pièces apparaissent une à une entre ses paumes nues, sous une carte à jouer virevoltant entre ses mains dans un enchaînement de mouvements circulaires qui font tourner la tête des spectateurs.

Et c'est pas fini. Hop! voilà deux jeux de cartes pour varier les plaisirs. Le spectateur prend un jeu - eh voui, le magicien y touche même pas ! - retourne une carte au hasard et même en signe le dos, avant de la replacer dans le jeu qui est remis dans son étui, avant de le rendre au magicien. Celui-ci confie l'étui contenant son propre jeu à un autre spectateur : " j'avais demandé à ma femme de retourner une carte avant la séance "... croyez-le ou non... quand le spectateur ouvre l'étui, seule parmi les dos, la face d'une carte est visible: elle correspond à la carte du premier spectateur à qui on demande où il a placée dans le premier jeu sa carte... premiers tiers, second tiers,... Le magicien montre une à une les cartes, la carte retournée a disparue - "Non ! Je ne le crois pas!" - glapit la salle! Et croyez-le ou non (bis), la carte marquée est arrivée dans le deuxième jeu tenu par l'autre spectateur !
Bon, allez, je vous le dis: le diabolique Dr Bob utilise un "damned fucked topit" et il a fait un putain d'échange de jeu même qu'on y a vu que du bleu, car je vous le dis mes frères, en vérité, le salut vient du topit !

Bob FITCH


Et lorsque vient le temps des explications, le gentil monsieur nous dévoile comment il combine sleevings, lancer et empalmages divers pour toutes ses routines: cartes, pièces, citrons ou kiwis et même billet de banque lesté d'un trombone, tout passe par le topit . Que ce soit la carte dans le citron ou le billet dans le kiwi, vous repartez avec le sentiment que l'on peut faire de la magie, debout, sans table, et sans ennuyer son public à condition de travailler et d'avoir du talent , et il n'en manquait pas ce soir là Monsieur Bob FITCH.

Gérard KUNIAN

Bob FITCH
Bob FITCH
Bob FITCH
Bob FITCH
Bob FITCH